Frégimont. L’énigme monte en chaire à Sainte-Raffine

L’énigme monte en chaire – Photo JLA
Agen (47) – Les insolites de Lot-et-Garonne – Publié le 08/08/2014

Sainte Rafine ? Sainte Raffine ? Allez savoir… La sainte patronne de l’église de Gaujac, dont la fête devrait être célébrée tous les 17 juillet n’apparaît pas dans les dictionnaires de «vies des saints». Les Bollandistes (la société des Bollandistes est une société savante belge fondée au XVIIe siècle par Jean Bolland dont le but premier est l’étude de la vie et du culte des saints) eux-mêmes sont muets sur ce sujet. De quoi alimenter les interrogations et les doutes : on peut se demander si Sainte-Rafine n’est pas une déformation de Sainte Rufine, qui fut martyre, à Séville, sous Dioclétien, avec Sainte Juste, sa compagne et amie. La petite église de Gaujac, sur la commune de Frégimont, serait la plus ancienne du diocèse d’Agen. D’après Georges Tholin qui fut, à la fin du siècle dernier, historien averti de l’Agenais, « l’église de Gaujac serait du XIe siècle et, peut-être, même du Xe ». Comparaison n’est pas raison, mais quand même : Sainte-Raffine de Gaujac aurait été construite avant Saint-Sernin de Toulouse et Notre-Dame de Paris.

Une chaire monolithe

Déjà, le portail interpelle. « On y trouve deux bandeaux de billettes avec des archivoltes dont le cintre est légèrement surbaissé. À l’intérieur de l’église, deux chapiteaux sont décorés de palmettes et de feuilles en volutes. Toutes ces sculptures sont rudimentaires et dénotent l’enfance de l’art roman.» Mais le plus surprenant dans cette église de Gaujac, qui interpelle toujours les historiens et autres spécialistes, c’est la «chaire monolithe ». Une « chaire à prêcher qui se trouve dans le chœur à droite, c’est-à-dire du côté de l’épître. Un seul bloc de pierre la compose. Elle a sûrement été mise en place lors de la construction de l’église ». Et mine de rien, la petite église de Frégimont règle un point d’histoire. « On a, en effet, soutenu que les églises romanes n’avaient pas de chaire et que celles-ci n’apparurent en France et en Italie qu’au XVIe siècle. La chaire de Gaujac donne un démenti formel à cette théorie ». Il est une autre partie de l’église qui suscite des interrogations, « une niche placée très haut dans le mur du fond ». Une niche qui domine la nef de Sainte-Raffine et dont la forme, très particulière, ressemblerait pour beaucoup à… un crâne humain ! Forcément, on pense de suite à la possibilité que cette niche ait pu contenir, un temps, une relique de la sainte. Rien n’est moins sûr. l

J.-L. A.